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Laissez-vous tenter par l'une de mes dernières lectures dont j'ai laissé le billet derrière moi !

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Laissez-vous entraîner dans le flot d'écriture des ateliers avec la communauté de bloggueurs !

Bonne lecture(s) ;)

dimanche 1 mars 2015

L'herbe des nuits - Patrick Modiano

C'est pour la lecture commune du Blogoclub que j'ai choisi L'herbe des nuits. En l'honneur du Prix Nobel qu'il a reçu, nous avions une lecture libre de Modiano ...


C'est une première. Je n'avais jamais lu Modiano car la quête du temps perdu n'est pas une chose que j'affectionne. Ce livre me le confirme ...

Jean, écrivain, parcourt les rues de Paris avec un petit carnet noir rempli de notes et se remémore ce temps où il aimait Dannie, jeune femme mystérieuse aux relations douteuses et cachant quelques secrets ... Secret qui vaudra à Jean quelques ennuis avec la police qui mène l'enquête. Aujourd'hui ses souvenirs se mêlent pour faire disparaître les doutes et les zones d'ombres ...

Bien sûr j'ai aimé les ballades poétiques à travers Paris, la rêverie et la nostalgie qui s'installent à chaque page, ces personnages des années 60 qui semblent se mouvoir en noir et blanc et cette enquête policière chargée de mystères que font ressurgir les souvenirs ... Mais ce mystère  qui se languit à chaque page, ces personnages qui se mélangent, ce passé qui résonne sans fin m'ont donné le tournis et m'ont fait suffoquer. Je n'ai pas été à l'aise, presque exaspérée même de rester sans cesse sur ma faim, et je suis arrivée au bout essoufflée, noyée entre le vrai et le faux, perdue dans cette non-linéarité du temps. C'est propre à Modiano, c'est ce que l'on m'a dit. Mais à côté de ça j'ai été charmée par ce décalage justement, par ce côté poétique, presque mélancolique qui devient vite envoûtant sitôt que l'on a compris la logique du texte et des personnages. Il m'aura fallu plusieurs reprises avant de m'engager réellement dans le texte et une fois que cela fut fait, je l'ai dévoré d'une traite ! J'ai autant aimé que détesté. Je conseille simplement de le lire. Mais je garderai cet unique souvenir de Modiano, pour l'instant. Peut-être me laisserai-je retenter quand ce sera à mon tour de parcourir le passé et les souvenirs ...


vendredi 20 février 2015

Le garçon d'à côté - Katrina Kittle

Sarah Laden, veuve, élève seule ses fils de 17 ans, Nate et 10 ans, Danny. Un jour, Jordan, le voisin et meilleur ami de Danny, tente de se suicider. Sarah découvre que le petit garçon est victime de pédophilie. Elle décide de l'accueillir chez elle, bouleversant ainsi le fragile équilibre de sa famille, en tentant de redonner goût à la vie au petit Jordan. La place et les certitudes de chacun de retrouvent mis en question, l'incompréhension et le doute s'installent, il faut faire face.

Dur sujet que la pédophilie. On pourrait croire qu'il est impossible d'écrire un texte de cet acabi sans verser dans le sensationnel et le voyeurisme mais c'est le pari que relève Katina Kittle. Elle a su faire preuve de pudeur et de sensibilité. C'est avec fluidité que s'enchaînent les quatre voix de Sarah, Danny, Nate et Jordan. Chacun relate de son point de vue la continuité de l'histoire avec les bouleversements qu'ils doivent affronter.
Si le sujet peut en rebuter plus d'un, le point de vue objectif et lucide nous aide à s'y accrocher.
Il y a beaucoup de force, à la fois dans les personnages et dans l'histoire, qui peut paraître déroutante mais s'avère réaliste.
Un très bon livre, efficace, enrichissant, plein d'émotions et frappant.
Je ne regrette pas cette lecture qui me paraissait sombre et difficile de prime abord, mais qui s'est révélée passionnante et dont il a été difficile de se détacher. Le livre se lit vite tant le rythme nous entraîne et le suspens se fait sentir.
Petit bémol sur la fin trop expéditive à mon goût mais cohérente.


samedi 31 janvier 2015

Une photo, quelques mots - VII

Voici la photo de la semaine.
Un atelier imaginé par Leiloona.

Kot

Et je vous demande toute votre indulgence grammaticale cette semaine car je vous écris depuis un ordinateur flamand ...
Bonne lecture ;)

Mon grand-père est mort en 1987.
Tous les étés, même bien après le départ de ma grand-mère, nous allions mes cousins et moi passer le mois de juillet dans sa petite maison du bord de mer. Si nous aimions  profondément notre aïeul et nos vacances chez lui, nous aimions plus encore le secret qu'il cachait. Mon grand-père possédait un trésor inestimable disait-il, le plus beau, le plus rare et le plus précieux du monde. Nous l'avions toujours cru car il se disait l'homme le plus comblé de la terre, et même lorsque la pêche était mauvaise, même lorsque la maladie venait frapper à sa porte, notre grand-père continuait d'être heureux grâce à son trésor. Il disait : "Je suis l'homme le plus riche de la terre".
Nous lui demandions : "Peut-on le voir Pépé ?" et il nous répondait "Mais non mes petits, c'est le mien et j'aurais trop peur que vous me le voliez ou que vous l'abîmiez ...". Mais il ajoutait parfois avec un grand sourire : "Mais si vous le trouvez, vous pourrez le garder toute votre vie !".
Nous nous regardions les yeux brillants d'espoir et chaque jour était une expédition aux quatres coins de la maison pour dénicher le fameux butin. Chaque été, nous repartions le coeur serré de n'avoir pas pu mettre la main dessus, mais nous ne désespérions pas, nous avions onze mois devant nous pour planifier de nouvelles recherches et réfléchir aux endroits encore inexplorés.
Mais les années passaient et nous restions bredouille. Les plus grands de mes cousins avaient déjà cessé d'y croire et s'intéressaient maintenant à un autre trésor que la jeune voisine détenait apparemment. Je ne sus que bien plus tard quel était ce trésor plus intéressant à bien des égards ...
Ce fut l'année de mes treize ans que je vis mon grand-père avec son trésor.
Nous avions soupé et mes cousins étaient chez la voisine. Je restais seul et décidais de me promener sur le port. Je remarquais de la lumière sur le bâteau de mon grand-père. Il était assis sur le pont et riait seul en contemplant un objet qu'il tenait dans ses mains. Je ne pus voir ce que c'était car il me vît et le rangea précipitamment dans la poche de son veston. "Tu as bien failli m'avoir, petit !", dit-il avec un clin d'oeil.
C'est là que je sus que le trésor existait et que nous ne le trouverions jamais. Je décidais de ne plus en parler et de l'oublier.
Trois années plus tard, je ne partis pas passer l'été au bord de la mer. Mon Pépé tomba malade et nous lui rendîmes visite à l'hôpital. Ce devait être la dernière fois que je le voyais. Mes parents sortirent de la chambre nous laissant seuls quelques instants.
Il me demanda "Quel est ton rêve, Petit ?". "Je ne sais pas, je n'ai pas de rêve ..." Il me regarda, fâché. "Alors si tu n'as pas de rêve, tu es l'homme le plus malheureux et ta vie n'aura jamais de sens. Je vais t'offrir un cadeau. Je vais te donner mon trésor car je crois que je n'en ai plus besoin maintenant mais toi si. Tu devras en prendre grand soin et le garder toute ta vie. Tu es peut-être un peu jeune pour comprendre ce qu'il signifie aujourd'hui, mais le moment viendra où tu connaîtras la vraie valeur de ce trésor."
Il me tendit un petit paquet de kraft et me demanda d'attendre pour le déballer.
Je le fis après l'enterrement.
Je trouvais à l'intérieur un petit carnet en cuir relié, tout corné et jauni par le temps.
Une lettre l'accompagnait : "Tu découvriras que tous les trésors ne sont pas d'or et d'argent, mais qu'ils n'en sont pas moins précieux. Affectueusement."
J'ouvrais le carnet et lisais sur la première page :
"La liste de mes rêves - 1906."
A la fin, des pages vierges restaient. Mon grand-père avait écrit : "La liste des rêves de Jules - 1987."

mercredi 28 janvier 2015

Les Plumes d'Asphodèle - I

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas participé à un atelier chez Dame Asphodèle mais je suis bien heureuse d'être revenue avec un sujet aussi touchant !

A partir du texte suivant, voici les mots collectés pour nos textes :

"... car ceux qui ont perdu quelque chose, comment font-ils pour éprouver encore de la joie ? [...] ils connaissent désormais l'envers du décor."
Le roi disait que j'étais diable
Clara Dupont-Monod

temps - lire - ténacité - sidération - tour - regrets - déchirer - malgré - silence - bancal - résilience - pourquoi - aquarelle - fardeau - parenthèse - vide - rire - envol - vie - conscience - cœur - douleur - scintiller - symphonie - scène - sinueux
(nous pouvions en éliminer un, j'ai choisi aquarelle)


J'avais failli ne pas la voir, accrochée sur le rebord du pont, encore immobile, le visage mouillé de larmes, prête à se jeter dans le vide ...
- Tu veux sauter ?
- Allez-vous en !
- C'est que ... je ne peux plus maintenant.
- Pourquoi ? Vous n'avez qu'à tourner le dos et repartir dans votre belle petite vie !
- Euh, ma vie n'est pas toujours si belle tu sais ...
- Menteuse !
- Mais tu ne me connais pas !
- Ah non ?! En tout cas, si elle était si moche que ça votre vie, vous seriez du même côté du pont que moi !
- Non. Je m'accroche à la vie, c'est tout.
- Oui bin, c'est ce que je dis, elle est pas si moche votre vie ...
- Toi qui as l'air d'en savoir quelque chose, vas-y je t'écoute, comment elle est ta vie ?
- Laissez tomber, vous pouvez pas comprendre ...
- Si tu ne m'expliques pas, c'est sûr que je ne pourrai pas comprendre !
- Mais cassez-vous ! Qu'est-ce que vous voulez d'abord ? Je vous ai rien demandé, c'était pas la peine de vous arrêter !!
- C'est-à-dire que c'est une scène pas banale, je n'avais pas envie de manquer le spectacle.
- Et bin rideau, fichez le camp, il y a plus rien à voir !
Hé mais, qu'est-ce que vous faites ??
- Tu vois, je m'installe. Je m'assieds juste à côté de toi pour le prochain lever de rideau et j'aime mieux te dire que si ça dure longtemps, je préfère être assise.
Au fait, moi c'est J.
- ...
- Bon, et bien je vais te parler un peu de moi puisque tu préfères garder le silence ... Alors, j'ai 36 ans, j'habite en ville, je suis mariée depuis 3 ans. Je sais je me suis mariée tard mais bon j'ai pris mon temps pour trouver mon Jules ! Il faut être sûre que ce soit le bon tu sais ... Ah et je suis musicienne. Enfin en ce moment je me consacre à l'écriture d'une symphonie même si je t'avoue que c'est tr..
- C'est bon, c'est pas parce que vous êtes là que vous êtes obligée de parler. J'ai pas envie !
- Ah non ? Tu vois, moi je crois que si. Parce que sinon, tu aurais déjà sauté.
- N'importe quoi ! Vous me déconcentrez c'est tout ! J'étais en train de me préparer ...
- Te préparer à quoi ? Parce que si tu es prête à mourir, il faut y aller, il n'y a pas besoin de réfléchir. Si tu réfléchis, c'est que tu ne veux pas vraiment mourir ...
- Vous croyez tout savoir, vous me connaissez même pas et vous êtes là en train de me juger !
- Non, je ne te juge pas ... Je sais juste que si on ne saute pas tout de suite, c'est que ce n'est pas le moment ...
- Et comment vous pouvez savoir ça ? Vous avez déjà essayé peut-être ?
- Oui.
- Ah.
- Mais c'était il y a longtemps.
- Ah bon ... Et ... pourquoi ?
- Oh ... tu ne peux pas comprendre ...
- OK, je vois.
- Tu vois, nos vies sont un peu moches toutes les deux finalement.
- ... C'est que ... je ne sais pas comment faire ...
- Pour ?
- Avancer. Je veux dire, j'ai tellement mal. Comment on fait après ça ? Comment on continue d'avancer ? La vie sera plus jamais pareille ! J'ai l'impression que je ne pourrai plus rire de toute ma vie et que je n'aurai que des larmes !!
- Raconte-moi.
- C'est mon frère jumeau. Il est parti. Un accident de voiture ... stupide ...
-  C'était quand ?
- Il y a trois mois. Mais j'ai toujours ce sentiment qu'il va surgir d'un moment à l'autre d'une cachette. J'ai toujours cette sidération qui me coupe le souffle et me fait tourner la tête. J'ai l'impression que mon cœur s'est déchiré en mille morceaux et malgré toute la colle que je peux mettre, il fuit de partout ! Je me sens si vide et en même temps si pleine de tristesse. Tout me rappelle mon frère. Je croyais qu'on ne pouvait pas mourir, je croyais que ...
- C'est normal. C'est le deuil. C'est très douloureux.
- Oui mais cette douleur me ronge, vous comprenez ? Combien de temps ça va durer cette souffrance ? Je voudrais que tout s'arrête et tout oublier ...
- Tu ne dois pas l'oublier ! La douleur, c'est lui, elle fait partie de toi, elle témoigne de son existence et c'est la marque de ses souvenirs qui se grave en toi ...
- J'ai l'impression que plus rien n'a de goût, que tout est fade, terne, bancal ...
- Ça passera, tu verras.
- Vous en êtes sûre ?
- Toutes les blessures finissent pas guérir. Mais ça ne veut pas dire qu'elles disparaissent. Il faut apprendre à vivre avec.
- Comment ?
- Il faut que tu sois forte, que tu fasses preuve de ténacité sinon tu n'auras que des regrets. Tu sais, la vie c'est comme un long roman, très sinueux, avec beaucoup de parenthèses, certaines plus belles que les autres. Et un jour, cette ténacité que tu as en toi te donne la force de lire tes chapitres de vie préférés, et de tourner ceux qui sont trop sombres. Tu dois choisir si tu décides de laisser ce fardeau t'écraser ou au contraire l'accepter avec résilience.
- C'est si dur. Je voudrais pouvoir prendre mon envol sur ce pont, que ma conscience quitte mon corps pour le rejoindre là-haut parmi les étoiles scintillantes et briller à ses côtés pour l'éternité ...
- Et s'il n'était pas là-haut mais juste à côté de toi et que tu devais prendre sa main et marcher avec lui ... ?
- Et pour aller où ?
- Je crois que tout n'est pas fini, si le pire est derrière toi, c'est que le meilleur reste à venir ...
- A votre tour de me raconter ...

jeudi 22 janvier 2015

Une photo, quelques mots - VI

Voici la photo de la semaine.
Un atelier imaginé par Leiloona.
 
Julien Ribot

Bonne lecture ;)


Je suis blessé d'amour.
Tous les jours, je deviens la proie de passions violentes et encore hésitantes, dans le besoin de se concrétiser et se rassurer. Je recueille des promesses d'éternité et les offre fièrement au monde comme pour défier les malheureux et les sans-amour. Une lame froide qui entaille ma chair, je pleure de sève. Une caresse sur le bois, un regard, un baiser. J'emporte dans ma mémoire ces marques de tendresses, mes racines sont plus fortes.
Témoin de paix. Symbole de beauté. Arme contre la haine.
Venez, donnez-moi votre pacte d'amour, je le donnerai à la terre.